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 Le Théâtre Japonais

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Miss Belzy
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MessageSujet: Le Théâtre Japonais   Le Théâtre Japonais Icon_minitimeMar 28 Nov - 18:31

S'il fallait chercher, une once de traditionalisme dans le monde des arts et spectacles nippons, c'est sans doute dans le théâtre que l’on pourrait la trouver. Héritage des légendes divines et des danses religieuses qui ont façonné les rites du pays, digne successeur du kagura du sarugaku sortes de drames populaires et de spectacles de foire improvisés du Xème siècle dont les dérivés ont donné naissance, bien plus tard, au Nô classique et au Kabuki, le théâtre japonais a toujours su, depuis près de 500 ans, se développer et, loin d'être totalement passé de mode, continue de voir accourir les amateurs de performances scéniques en nombre. Petit regard en coulisse sur les arts majeurs actuels.

Evanescence et réalité : le nô et le kyôgen
Aussi curieux et machiste que cela puisse paraître, le théâtre dramatique japonais traditionnel est réservé aux hommes, seuls autorisés à jouer sur scène. II en est ainsi pour l’un des arts les plus emblématiques qui soient, celui du théâtre nô. Encore aujourd'hui, le nô, dont on pourra certes juger les spectacles relativement austères, exerce une fascination sans égal auprès d'une certaine frange de la population japonaise, notamment grâce à son symbolisme poussé, son style très recherché et sa gestuelle particulière et posée. Né au milieu du XIVème siècle à la demande du shogun Ashikaga Yoshimitsu, désireux de divertir les guerriers de sa cour, le nô apparait comme un art digne, presque codifié, aujourd'hui pratiqué par un petit nombre de professionnels appelés nôgakushi (" shi " étant ici l'équivalent japonais du mot " expert "). On en compterait actuellement environ 1500 dans l'ensemble du pays, répartis dans 24 écoles ou ryûha. Les pièces, qui traitent d'histoires réelles ou surnaturelles, présentent très peu d'action ; les textes, poétiques et souvent d'inspiration bouddhique, sont récités ou chantés d'un ton monocorde, successivement par le choeur (juitai) et par les acteurs, lesquels se déplacent en dansant, le visage masque, accompagnés par les flûtes et les tambours des musiciens formant l'hayashi. La scène elle-même se veut à l'image de l'art qu'elle accueille : dépouillée. Le spectacle a lieu sur une estrade surélevée, le honbutai, de forme carrée d'environ six mètres de côte. C'est au centre de celle-ci que le shite, le personnage principal, ou le waki, celui qui apparait non masqué au début de la pièce pour expliquer l'histoire qui va suivre, évoluent. Au fond de la scène se trouve le kagami-ita, un mur peint sur lequel on a représenté un décor fait d'arbres et de pins. A droite siègent les membres du choeur dans un coin que l'on appelle jiutaiza. Enfin, sur le côté gauche se trouve le hashigakari, un corridor qu'empruntent les personnages pour entrer et sortir de scène. Tells les tragédies grecques, le spectacle de nô joue sur la longueur et il n'est pas rare qu'une pièce dure une journée entière. Entre ses différentes parties viennent donc s'intercaler des saynètes comiques, des interludes se rapprochant de la farce appelés kyôgen. Plus enjoué, plus direct - les comédiens n'y sont pas masques - et surtout plus populaire que le nô, le kyôgen est devenu un genre à part entière et connait à présent un joli succès.

Excentricité et technicité le kabuki
Contrairement au nô qui est longtemps resté l'apanage de l'aristocratie, le théâtre kabuki, issu des faubourgs japonais au XVIème siècle, s'est tout de suite imposé comme un art populaire par excellence. A l'origine, le kabuki (association des caractères " ka ", chant, " bu ", danse, et " ki ", technique) fut inventé par une troupe de courtisanes, mais leurs danses érotiques et leurs activités parallèles de prostituées firent scandale sous l'ère Edo et les autorités furent obligées d'interdire aux femmes de se produire sur scène. Du coup, le kabuki est devenu une affaire d'hommes : ce sont eux qui jouent l'ensemble des rôles, y compris les rôles féminins. De cet état de fait est née la profession d'onnagata, mot désignant les acteurs travestis interprétant des rôles de femmes, lesquels sont aujourd'hui hautement respectés dans le milieu. Le kabuki repose sur un répertoire " sérieux " de plus de 350 pièces mettant en avant les plus grandes mythologies japonaises, mais le genre du spectacle, lui, se veut extrêmement dynamique et vigoureux. II se tient par exemple sur une scène pouvant pivoter sur elle-même (mawari butai), ce qui autorise des changements de décors rapides et variés. La scénographie, qui allie danses hétéroclites, acrobaties délirantes, costumes excentriques et jeux d'acteurs grandiloquents sur fond de shamisen (sorte de luth à trois cordes), est quant à elle assez délicate à décrire, mais elle tient tout à la fois de la superproduction hollywoodienne, de la commedia dell'arte et du grand guignol. Ce qui semble n'être aux yeux des spectateurs qu'un ensemble de prouesses désorganisées est en réalité parfaitement étudié : tout doit concourir à éblouir le spectateur, de l'entrée des comédiens sur scène par le Kanamachi, le " chemin de fleurs " qui traverse la salle, aux poses utilisant la technique du mie, forçant l'acteur à se figer dans une posture convenue lorsque le drame est à son apogée de manière à " demander " le soutien du public qui l'encourage à poursuivre en criant. Aujourd'hui encore avec ses grands noms tels que Matsumoto Kôshirô, Ichikawa Danjûro, Ebisô Shichinosuke ou encore Nakamura Shidô, le kabuki reste très vivace, certains acteurs-auteurs tels que Ichikawa Ennosuke III allant jusqu'à donner un nouveau souffle à la discipline en y incluant des techniques modernes inspirées de celles du théâtre occidental.

Poupées et féminité : le bunraku et le takarazuka
Aussi appelé ningyô-jôruri, le bunraku ou théâtre de poupées est peut-être le plus japonais des arts de la scène. Dérivé du chant épique connu sous le nom de jôruri et né à Osaka au XVIème siècle, le bunraku, qui parvient à marier naturellement le jeu de marionnettes magnifiquement soignées et la musique du shamisen, surprend à plus d'un titre. Pas vraiment par son répertoire, très proche de celui du kabuki, mais par sa mise en scène. Les marionnettistes, vêtus de noirs, ne se cachent pas mais parviennent sans mal à se faire oublier derrière les poupées parfois gigantesques qu'ils manipulent, tandis que le narrateur, voix unique de l'ensemble des personnages, hommes, femmes, enfants ou vieillards, présents sur scène, passe avec une facilité déconcertante d'un ton à un autre. Le tout forme un véritable régal pour les yeux et les oreilles que je ne peux que vous inciter à aller voir si vous en avez la possibilité.
Et si même les poupées ont le droit d'être sur scène, pourquoi les femmes ne l'auraient pas ? Véritable pied de nez au monde du kabuki dont elles sont exclues, la revue takarazuka, dont la devise est " grâce, beauté et modestie " n'est composée que d'éléments féminins, avec près de 400 actrices, danseuses et chanteuses, réparties dans cinq troupes (" Fleur ", " Lune ", " Neige ", " Etoile " et " Cosmos "). Le takarazuka, du nom de la ville, près d'Osaka, où cet art est né en 1914 sous l'impulsion d'Ichizo Kobayashi, le fondateur de la compagnie privée de chemin de fer Hankyu et de la société de production et de distribution de films Toho, est devenu une véritable institution au Japon. Plébiscité par un public essentiellement féminin, il doit son succès au fait que les actrices assument tous les rôles, et donc logiquement les rôles masculins. La célèbre comédienne Wao Yoka, qui vient de faire ses adieux à la scène il y a peu, a ainsi joué durant sa carrière des dizaines de rôles d'hommes différents. Le répertoire du takarazuka comprend une centaine de pièces, des grands succès de Broadway aux classiques de la littérature mondiale, et l'une des plus connues d'entre elles n'est autre que Versailles no Bara, la Rose de Versailles (Lady Oscar), adaptée du manga de Riyoko Ikeda et créée sur scène en 1974. Depuis, cette pièce a été jouée à plus de 1700 reprises à guichets fermés. Phénomène culturel inédit et peut-être déroutant pour nous autres Occidentaux, le takarazuka nous prouve au moins une chose : en matière de théâtre, les japonais(es) n'ont pas fini de nous étonner !

Yvan Romanoff
Remerciements à Sayoko Aoki
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